Le mardi 25 mars dernier, un accrochage a eu lieu entre l’union des étudiants et stagiaires guinéens en Algérie et les forces de maintien de l’ordre d’Alger. Ces étudiants, dont le nombre est estimé à une vingtaine, auraient été molestés, violentés par les forces de l’ordre algériennes suivant une requête de l’ambassade de Guinée à Alger. Telle est l’information reçue par la rédaction de Guinéenews© du bureau de l’union des étudiants et stagiaires guinéens en Algérie.
Selon la correspondance du bureau des étudiants et stagiaires guinéens en Algérie, tout aurait commencé dans l’après-midi du mardi 25 mars quand les étudiants se sont amassés devant l’ambassade pour réclamer leur complément de bourse impayé depuis une année ainsi que les allocations de prime de fin de cycle.
En juin dernier, la Guinée a envoyé un montant d’environ 200 dollars américains
par étudiant durant l'année scolaire 2006-2007. En septembre 2007, il est
question d’un montant de 500 dollars américains envoyé au titre des primes de vacances par étudiants. Mais à partir de ce mois de septembre 2007, plus rien ne serait parvenu aux étudiants. D’où leur grande amertume accentuée par la crise politico-économique en Algérie.
L’autorité diplomatique guinéenne a été prévenue par une lettre de leur revendication. La seule réponse que les étudiants auraient reçu a été cette confrontation avec les forces de l’ordre algérienne. Selon la correspondance de bureau de l’union des étudiants et stagiaires guinéens en Algérie, les étudiants ont été matraqués par les forces algériennes comme de vulgaires voyous.
La confrontation se serait soldée par deux blessés parmi les étudiants. Avec la « baraka » de l’ambassade guinéenne, les forces de l’ordre auraient promis le pire si la manifestation continuait. dit-on. Mieux, l'ambassadeur guinéen aurait refusé toute discussion ou négociation pouvant aboutir à une solution d’apaisement.
Guinéenews© a joint au téléphone, dans la soirée de ce jeudi, M. Doré Lenaice-ce, le Consul de l’ambassade de Guinée à Alger. En substance, voici ce qu’il a déclaré : « Quand on est intellectuel, la rigueur recommande qu’on puisse avoir les informations dans les deux sens pour faire son propre jugement. Je vous remercie donc de votre démarche ! »
« Les étudiants, a t-il poursuivi, ont, il y a une semaine, « balancé » l’information sur Internet qu’ils viendront envahir l’ambassade. L’ambassadeur en a profité pour leur dire que le moment est très mal indiqué pour faire une manifestation. Car la chancellerie est située à Ikra, le quartier le plus sécurisé d’Algérie. À ma connaissance, il n’y a jamais eu d’attaque terroriste à Ikra.
Cependant, il y a deux ou trois mois, le siège du Haut Commissariat des Réfugiés (HCR) fut attaqué par les térroristes. Depuis ce jour, la sécurité y a été beaucoup plus renforcée. C’est donc une situation sécuritaire qui n’est pas du tout facile à gérer pour nos hôtes eux-mêmes. Il suffit de vous voir à deux ou cinq pour que les forces de l’ordre viennent vous disperser. Les agents de sécurité de la ville sont sous pression, donc tout attroupement est, pour eux, synonyme de possibles représailles ».
« Malgré tout, ils sont venus le mardi 25 mars, au moment où on s’apprêtait à fermer l’ambassade. Au moins une bonne vingtaine. Alors, la police est aussitôt venue dans 11 véhicules blindés et ils ont mis leur arsenal en marche.... »
Mr. Doré affirme : « lorsque je les ai reçus aujourd’hui (jeudi 27 mars 2007, ndlr) pour les entendre sous les instructions de l’ambassadeur, il est apparu que les policiers les ont suivis jusque dans l’enceinte de la chancellerie qu’on appelle le foyer pour aller tabasser deux d’entre eux ».
Le consul leur a donc dit : « il y a eu un déficit de communication. Il aurait fallu nous informer. Nous ne sommes que l’interface entre vous et le ministère de l’Éducation. Toutes vos revendications, nous les transmettons à Conakry. L’argent ne se trouve pas ici. Nous comprenons votre situation de précarité, et nous sommes capables de mettre la main dans la poche pour régler quelques problèmes récurrents et ponctuels, mais c’est Conakry qui règle tout. Il ne sert à rien de se bouffer les nez ici. Formuler les doléances acceptables et venez nous voir au lieu d’agir de cette façon ».
Le ministre de l’Éducation et son homologue des Affaires étrangères ont été joints à propos de la situation de précairité des étudiants en Algérie. Ils ont dit que ce n’est pas une situation propre à l’Algérie seulement mais que c’est comme ça que ça se passe partout. L’économie guinéenne est en phase de consolidation, les étudiants étant les futurs cadres du pays doivent comprendre cet état de fait. Selon les ministres guinéens.
Quant au Consul guinéen, il soutient : « nous sommes en train de nous battre pour régler cette situation. D’ailleurs, nous avons été informés, ce jeudi, de l’arrivée d’un montant couvrant un mois de leur complément de bourse. Nous avons reçu l’ordre de virement de la banque centrale. Nous leur avons communiqué ça ».
Et de poursuivre : « notre rencontre de ce soir (jeudi 27 mars, ndlr) avec le bureau des étudiants s’est très bien passée. Ils ont même demandé à ce qu’on les aide à obtenir les frais de transport leur permettant de se retourner dans les villes respectives de leurs universités. L’ambassade a déboursé l’équivalent de 300 dollars en monnaie locale, à cet effet. »
Pour Mr Doré, « ce qui s’est passé relève d’un simple déficit de communication. Et, le dénouement heureux auquel nous sommes parvenus atteste à suffisane qu'il n'y avait nullement pas de feu au lac. Par contre, la doléance principale formuleé en faveur de ceux qui sont coincés pour faire avancer leur projet de mémoire pour respecter les delais académiques est d'une telle évidence que l'ambassadeur après le compte rendu que je lui ai fait de ma rencontre avec les étudiants a promis d’octroyer dès la semaine prohaine sur les frais de fonctionnement de la mission un montant raisonnable à chacun des 24 étudiants en situation de fin de cycle ; histoire de permettre aux uns et aux autres d'avancer dans les stages et la rédaction des mémoires. Le temps que les fonds arrivent de Conakry ».
Par rapport à l'action des forces de police, il faut noter que les conventions de Viennes qui regissent ce métier exigent que la protection des locaux de la représentation et du personnel soit assurée par les autorites du pays hôte. C'est dans cet esprit que l'intervention de la police a été située. La situation d’insécurité qui prévaut ici suite aux derniers attentats terroristes dans le quartier des ambassades a fait générer une psychose de vigilance accrue. Petrodollar aidant, la police est suffisamment équipée pour cette mission, a dit, en substance, le consul.
Enfin, force est de reconnaitre que la chutte du dollar fait que le quotidien du commun des mortels est devenu difficile à gérer. Il faut intégrer cette donne dans l'appréciation des faits. Dieu merci le calme est revenu ! », a-t-il conclu.
Comme on le voit, les étudiants boursiers de l’État guinéen vivent dans des conditions très difficilles à l’étranger. De l’Algérie à Cuba en passant par la Russie, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, l’Ukraine, le Maroc, la Malaisie, la Tunisie pour ne citer que ceux-ci, la situation des étudiants boursiers guinéens à l’extérieur est très critique. Il est temps donc que l’État prenne les dispositions nécessaires afin d’assurer le payement régulier de cette maigre manne (50 ou 60 dollars américains par mois). Il s’agit, au moins, de permettre à ces futurs cadres du pays de survivre et de produire un meilleur résultat académique ! source: guineenews.com |