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13 mars 2010

Entretien avec Dr Soriba Sylla, Secrétaire général du ministère de l’enseignement pré universitaire

Entretien avec Dr Soriba Sylla, Secrétaire général du ministère de l’enseignement pré universitaire

Dans cet entretien qu’il nous a accordé avant le départ de Mme Rougui Barry à la tête du département, Dr Sylla aborde les problèmes liés au financement de l’éducation, à l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement…

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: Quel bilan peut-on faire de votre département pour l’année écoulée ?

Dr Sylla : je ne vais pas aller dans les minis détails. A notre prise de fonction (Mme la ministre et d’autres membres du cabinet), nous avons hérités d’une situation qui n’était pas des plus reluisantes pour le système éducatif. Il y a eu une accumulation de contraintes dont quelques unes se déclinent en terme de déficit en capacité d’accueil. Ce qui fait que nous constatons qu’il existe dans des zones à fortes concentrations urbaines des classes pléthoriques pour un encadrement efficace. Par contre, il y a d’autres zones où vous avez des effectifs assez faibles et parfois même on manque d’enseignants. En plus de cela, la qualité de l’éducation ne répond pas aux attentes de la société, aux exigences de l’évolution de la science, de la compétitivité nationale sur le plan de la mondialisation.

Il y a eu également pas mal  de problèmes liés à la gestion des enseignants, donc il y avait des pléthores d’enseignants dans les zones urbaines. Tous ces problèmes nous les avons examinés de manière participative avec toutes les parties prenantes de l’éducation. Des mesures ont été envisagées et se sont traduites par un plan d’action d’urgence que nous avons élaborés en vue d’éviter une navigation à vue.

Il y a eu l’amélioration de la qualité dans le sens de la moralisation et la crédibilisation des examens nationaux. Egalement il y a eu le recensement des enseignants, des mesures de redéploiement des enseignants pour satisfaire les besoins des zones enclavées. Mme le ministre a effectué beaucoup de voyages de coopération qui nous ont permis de mobiliser les partenaires techniques autour d’un certain nombre d’objectifs en ce qui concerne notamment la relance de l’enseignement technique et professionnel dont un forum se tiendra bientôt. Nous avons déjà en chantier la construction d’écoles régionales d’excellence qui seront des collèges/lycées et qui recevront les meilleurs de nos élèves issus des examens nationaux. Cela afin de cultiver une certaine émulation au niveau de l’excellence et du mérite personnel. Ces écoles d’excellence dont les travaux sont entamés, seront implantées dans cinq chefs lieux de régions administratives dont : N’zérékoré, Faranah, Mamou, Boké et Conakry. Egalement, il y a un projet qui est resté très longtemps dans les tiroirs, c’est celui de la construction d’un siège digne de ce nom pour les ministères de l’éducation. C’est un projet qui date de 2002 que le cabinet est parvenu à faire revivre. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer sans ambages que la construction de ce ministère est en très bonne voie. Le bâtiment gigantesque sera sur le site de Koloma et va abriter tous les services centraux des ministères de l’éducation. La durée des travaux est de deux ans.

Tout cela s’est fait dans un contexte très difficile caractérisé par une pénurie des ressources financières. En cause, le gèle du financement de la part des bailleurs de fonds.

On a surtout parlé du blocage de 90 millions de dollars alloué à l’école guinéenne, quand est-il ?

Il s’agit du programme sectoriel de l’éducation qui est un vaste chantier de rénovation et d’amélioration substantielle du système éducatif. Il porte sur un montant équivalent à 170 millions de dollars sur trois ans. C’est donc un projet gigantesque quand nous le comparons à d’autres. Malheureusement, c’est au moment où on s’apprêtait à lancer ce programme qu’il y a eu quelques difficultés avec les partenaires techniques et financiers. Ils ont temporairement gelé leur participation à cause de certains facteurs d’ordre politique. Cela a eu des effets assez négatifs sur le système éducatif qui a enregistré un recul dans le taux de scolarisation. Donc il n’ y a pas de construction pour recevoir de nouveaux élèves.        

Quelle est la part de l’éducation dans le budget national ?

Ce qui était prévu c’est de parvenir à 20%. Par le passé, ce chiffre n’avait jamais été atteint. C’est ce qui fait que

la Guinée

est largement en retard par rapport aux autres pays de la sous région. Ces derniers, consacrent 30 à 40% de leur budget national à l’éducation. C’est un devoir pour l’Etat d’éduquer la population.

Alors dans ce contexte peut-on penser à l’atteinte des objectifs du millénaire par notre pays ?

En 2015,

la Guinée

doit avoir des résultats permettant de porter le taux brut de scolarisation à 100% ou plus. C'est-à-dire que tous les enfants en âge d’aller à l’école doivent être inscrits. Ils doivent bénéficier d’une formation de qualité et tous les enfants inscrits en 1ere année doivent pouvoir achever leur cycle primaire.

Selon les estimations, il se trouve que nous sommes encore à 66% du taux brut de scolarisation. Donc nous sommes loin de l’objectif. Ce taux a même décliné, il y a deux ans nous étions à 79%. Cette baisse est liée à l’insuffisance d’investissement dans le domaine des infrastructures. 

Nos indicateurs liés aux OMD (objectifs du millénaire pour le développement) ne sont pas du tout satisfaisants aujourd’hui. Cela exige que nous fassions beaucoup d’efforts internes et externes.

Que pensez-vous du délabrement des écoles, à votre avis à qui revient la charge de les rénover ? 

L’éducation est un devoir fondamental pour l’Etat. Nous sommes dans une république, elle est fondée sur l’octroi d’une égalité de chance à tous les citoyens pour s’épanouir. Donc, l’éducation incombe essentiellement et fondamentalement à l’Etat. Mais il se pourrait que dans certaines circonstances l’Etat partage ce fardeau avec des partenaires sociaux, privés. C’est ce qui fait aujourd’hui il y a le développement de l’enseignement privé.

Il n’ y a pas que le délabrement, il y a l’insuffisance, l’exiguïté et même l’inadaptation de certaines infrastructures d’accueil.

Maintenant l’APEAE (NDLR association des parents d’élèves et amis de l’école) dont nous avons l’implication très positive dans l’amélioration des conditions de fonctionnement de nos écoles, est la bienvenue. Elle permet à plusieurs endroits d’alléger la tâche de l’Etat et en d’autres de se substituer même à l’Etat. Nous avons vu que depuis un certain nombre d’années, ce sont les associations de parents d’élèves qui dotent les écoles en tables bancs.

C’est en ce sens que Mme le ministre (NDLR elle n’est plus en service depuis la formation du gouvernement de transition) a pris l’initiative en ce qui concerne la mise en place d’un fonds de solidarité pour l’éducation. C’est un fonds indispensable qui ne vient pas se substituer au budget de l’Etat, il ne remplace pas les efforts consentis par les partenaires techniques, financiers, sociaux et les parents d’élèves. C’est un fonds qui aura sa place dans la mobilisation citoyenne, en terme de solidarité internationale pour pouvoir aider l’Etat dans le financement de l’éducation.   

Par Mamadou Samba Sow

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