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8 janvier 2011

Th Souleymane Diallo président de l’association des stagiaires, élèves et étudiants guinéens au Maroc.

 

Invité du mois

Th Souleymane Diallo président de l’association des stagiaires, élèves et étudiants guinéens au Maroc.

‘’Nous souffrons du retard accusé dans la perception de nos bourses’’

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La Plume Plus : Présentez-vous à nos lecteurs

Je m’appelle Diallo Thierno Souleymane, étudiant en 3ème cycle, à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca (Université HASSAN II). Option : Nouvelles tendances du Droit International et actuel Président du Conseil Consultatif de l’ASEGUIM. Ce après avoir occupé respectivement les postes ci-après : 2005 – 2006 : Commissaire aux comptes de l’ASEGUIM-Mohammedia ; 2006- 2007 : Secrétaire général de la dite association, section Mohammedia ; 2007-2008 : Vice-président de la CESAM (Confédération des étudiants stagiaires africains au Maroc) de la ville de Mohammedia ; Du 23 novembre 2008 au 10 juillet 2010 : Président de l’ASEGUIM au Maroc.

J’ai été lauréat de la République de Guinée en 2005 ; Option : sciences sociales, avec comme rang 6ème. Du coup j’ai bénéficié d’une bourse d’études supérieures pour le Maroc où j’ai été orienté en Droit privé. Au fil du temps, puisque je voulais faire la Diplomatie ou les Relations Internationales, j’ai changé d’option à ma 2ème année pour faire le Droit public. Alors après avoir passé mon DEUG avec brio, je me suis présenté au concours de l’ENA, entendez : école nationale d’administration de Rabat, où j’ai suivi des cours en Diplomatie, partenariat et coopération internationale au cycle normal.

C’est quoi l’ASEGUIM et donnez-nous une idée sur le nombre d’étudiants au Maroc?

On entend par ASEGUIM, l’association des stagiaires, élèves et étudiants guinéens au Maroc.

S’agissant du nombre d’étudiants guinéens au Maroc, il y’en a près de 2000, toutes catégories confondues. Mais les boursiers de l’Etat guinéen sont à peu près 800 étudiants, cela quant on ajoute l’effectif des boursiers de cette année. Les autres sont venus à titre individuel dans des écoles privées au Maroc, ou bien dans des établissements publics marocains mais ils sont non-boursiers.

Souvent les échos de vos difficultés parviennent jusqu’à Conakry, mais réellement de quoi souffrent les jeunes guinéens au royaume chérifien ?

Ecoutez mon cher ami, les étudiants guinéens du Maroc ont les mêmes maux que les étudiants guinéens d’ailleurs. Nous souffrons du retard accusé dans la perception de nos bourses, parce que si la bourse n’est pas là à temps, et cela a toujours été le cas, les étudiants souffrent beaucoup. Ils s’endettent. Conséquence: les étudiants déposent leurs documents administratifs (passeports, cartes de séjours, ordinateurs) pour ceux qui en ont auprès des marocains pour obtenir des prêts. Les filles quant à elles ne peuvent pas supporter cela et donc sont obligées de sortir avec des messieurs qui pourront faire quelque chose pour elles. D’autres, préfèrent s’adonner à du n’importe quoi pour survivre. Quand cela arrive, on entend les étudiants d’autres nationalités dirent que les guinéennes sont de l’argent facile. Cela joue sur nous qui sommes leurs frères, nous nous disons que nous n’avons plus d’honneur, ni de dignité encore moins une crédibilité. Donc ça fait honte à vrai dire. Bref ce sont là nos quelques souffrances, sans parler des cas de maladies. Nous ne disposons de rien pour pouvoir acheter des produits, or les médicaments coûtent extrêmement chers au Maroc.

En 2009, le capitaine Dadis a octroyé des bourses d’études spéciales à des étudiants de quelques universités guinéennes. Comment cohabitez-vous avec eux ?

Concernant ces étudiants, tout ce que je peux vous dire, ils sont des jeunes bien-éduqués, très bien éduqués d’ailleurs. C’est moi en personne qui suis allé les accueillir tous, le jour de leur arrivée à l’aéroport Mohamed 5 de Casablanca. Ils sont bien intégrés et sont tous membres de l’ASEGUIM de droit et de fait car tout ce que les étudiants doivent faire vis-à-vis de l’association, ils l’ont fait et continuent à le faire. Nous vivons ensemble, dans une atmosphère empreinte de cordialité et de convivialité.

Quels peuvent être les avantages liés aux études au Maroc ?

Les avantages liés aux études au Maroc sont forts nombreux. La preuve est que pour le savoir, il faut descendre sur le marché de l’emploi guinéen. Vous verrez que partout, des étudiants guinéens du Maroc font leur premier pas, et aujourd’hui, nous en avons beaucoup qui ont émergé dans la fonction publique guinéenne, et dans le privé. Donc les avantages sont nombreux et la formation n’est pas seulement théorique, elle est pratique et académique aussi. C’est un enseignement de qualité, vous imaginez vous étudiez dans une université où vous êtes maximum 20 étudiants par salle au niveau master et 45 par salle au niveau de la licence. Cela, surtout quand il s’agit des cours d’informatique, de langue anglaise ou communication, et avec des Profs qui ne sont que des Docteurs d’Etat. Vous voyez ce que ça fait comme avantage ?

Récemment vous disiez avoir effectuez une tournée en Algérie et en Tunisie. Comment vivent nos étudiants sur place ?

Eh ben, sur ce point ce que je vais vous dire est que les étudiants guinéens où qu’ils soient ont les mêmes maux. Partout où nous sommes, nous vivons en communauté et cohabitons ensemble, nous faisons comme la vie au sein de nos familles. Ce qui différencie notre vie à la vie de famille est que les parents ne sont pas parmi nous, sinon nous suivons nos traditions et nous faisons preuve d’unité et de solidarité. Je vous dirai qu’il n’y a pas meilleure vie que la vie estudiantine.

La Guinée est dans un processus de démocratisation. Que pensez-vous de l’évolution du pays ?

Je pense que l’évolution du processus démocratique suit son cours normal, même s’il ya eu assez de ratés. Je pense qu’il y’a de quoi être fière. Fière de soi et fière de son pays parce que je n’aurai pas cru que nous allions connaître une élection ouverte à toutes les forces politiques du pays, c’est une avancée majeure. Je pu vous assurer que l’espoir est permis, nous aurons des lendemains meilleurs. Pour ce faire, il faut que la jeunesse et les femmes qui constituent la couche vulnérable prennent conscience et comprennent enfin que chacun peut faire quelque chose pour sa patrie. Le pays a besoin de nous, il ne faut pas être sceptique, rien ne s’obtient dans la facilité, d’où les quelques obstacles auxquels le processus démocratique est confronté. Mais sachons que ça peut aller et que tout ira pour le mieux à condition que nous les jeunes, nous prenions conscience et que nous ne nous laissions pas instrumentaliser par la classe politique. Cela aussi relève de la politique, car si nous ne faisons pas la politique, la politique elle, nous fera.

Avez-vous un appel à lancer au futur Président de la république ? Si oui, lequel ?

L’appel que j’ai à lancer au futur président est celui de diriger le pays avec le peuple, c'est-à-dire une fois élu, il ne faudrait pas qu’il oublie ses promesses électorales. Le peuple a besoin de changement, il faut qu’il soit proche du peuple, qu’il soit administrateur et non un gouverneur. Parce qu’on peut gouverner de loin, mais on administre que de près. Alors l’expérience a prouvé que le langage avec lequel on prend le pouvoir et celui avec lequel on l’exerce sont différents. Donc je prie le Bon Dieu que le Président s’inscrive dans cette ligne, en respectant sa parole donnée. Savoir que la jeunesse est là, elle souffre. Nous avons besoin d’emploi, les femmes, nos mères souffrent aussi. Et surtout le plus grand honneur que pourrait me faire le futur Président, serait de réformer le système éducatif guinéen, en procédant à de grandes réformes dans le secteur. Car comme le dirait l’autre : « Un peuple sans ressource est une nation pauvre, mais un peuple sans idéal est une pauvre nation ». Cet idéal nous ne pourrons l’avoir que si nous disposons d’un enseignement de qualité.

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souleymane Diallo et Sekouba Konate a lHotel Sofitel de Rabat lors dune audience

Un message à la jeunesse guinéenne.

Le message que j’adresse à la jeunesse, est le suivant : il faut que nous prenions conscience, qu’on se mette au travail, parce que nous ne pourrons devenir quelqu’un demain, si nous ne nous préparons dès maintenant. Or il y’a un adage qui dit : « Qui veut voyager loin, ménage sa monture ». Nous devons nous projeter plus concrètement sur notre avenir en faisant un bilan objectif du passé, quand nous analysons de près on se rend compte que notre passé est plein d’erreurs. Je suis convaincu que l’on ne peut conquérir le monde qu’à travers deux choses : l’amour et la vérité. Il s’agit de l’amour de soi, l’amour d’autrui et l’amour de Dieu, c'est-à-dire la vérité. Nous devons nous inscrire dans cette ligne. Je vous remercie!

Interview réalisée par Mamadou Samba Sow

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