‘’Je me sens étranger chez moi’’

Un poème pour une actualité

Chers frères et sœurs, élèves et étudiants amis de la poésie, c’est avec sourires aux lèvres que je vous retrouve après des vacances et des congés mouvementés. Ainsi, je vous souhaite une bonne reprise des cours.

Comme vous l’avez certainement constaté depuis 2006, il ne s’est jamais passé un an dans notre pays sans qu’on enregistre des pertes en vies humaines. Et pire cette année, pour des intérêts politiques, la haine ethnique a eu raison de nos valeurs et liens historiques. Ainsi, des guinéens ont été battus, dépossédés de leurs biens, chassés voire tués même, sur leur territoire national et ce, dans l’indifférence totale des autorités. C’est pourquoi «  je me sens aujourd’hui étranger chez moi ». Que reposent en paix les âmes des victimes. Bonne lecture !

‘’Je me sens étranger chez moi’’

Oui je me sens étranger chez moi !

Je me sens vraiment étranger chez moi !

Et pourtant la Guinée c’est ma nation.

Mes aïeux y ont paisiblement vécu durant des générations.

Mais hélas ! Je suis étranger chez moi.

De tout moment je suis dans le désarroi.

On me harcèle de tous les sens.

Et je vis sans défense.

L’ennemi me fait éprouver toute sa cruauté

Sous l’œil complice de l’autorité.

Quelle hypocrisie !

Cette hypocrisie me gêne

Car c’est elle qui entretienne la haine

A tous ces faibles, ces sadiques ;

Ils sèment la division

Pour assouvir leurs sales et égoïstes passions.

A toute initiative d’unité nationale, ils restent hostiles

De peur de voir leurs intérêts en péril.

Dans l’unité, ils n’y trouveraient pas leur compte.

Et se verraient exposés à la honte !

Ils ignorent ce que c’est que la dignité

Ils ne pensent qu’a leur cupidité.

Ma patrie, jadis terre d’asile,

Me contraint aujourd’hui a l’exile.

Ma Guinée, autrefois havre de paix

Ne sait plus que faire, sinon penser ses plaies,

Dont les seuls auteurs sont nos dirigeants perfides,

Oui nos dirigeants avides !

Je me sens étranger chez moi !

Lorsque cette nation, jadis terre de philanthropie,

Redevient aujourd’hui refuge de xénophobie

J’ai pourtant appris que l’Afrique est berceau de l’humanité

Même si ma patrie a du mal à gérer ses diversités.

Veut-on me faire revivre la ségrégation et ses folies,

Elle qui depuis des siècles fut abolie ?

Veut-on faire revivre mon peuple les horreurs du Rwanda,

Ou les guerres civiles du Liberia ?

Ils sont encore vivaces, les souvenirs de Boiro,

Les images du 28 septembre 2009 et leurs bourreaux !

On veut me chasser de chez moi

Mais je ne m’en irai pas car c’est ici moi.

Mamadou Diawo Barry. Critiques et suggestions : 64.52.07.08 ou diawobarry06@yahoo.fr