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4 juin 2014

Centre universitaire de Kindia Une université qui se cherche

Kindia_Entretien_Docteur

Située à 136km de Conakry, la ville de Kindia a un centre universitaire, qui comme la plupart des institutions d’enseignement supérieur du pays manque presque de tout.
Le CUK a été créé en 2006 et compte à ce jour, selon Dr Cécé Jean Bénomou, directeur général adjoint chargé des études, 3545 étudiants dont 965 filles. L’établissement dispose de 4 facultés à savoir : les sciences sociales, les lettres et langues, les sciences économiques et de gestion ainsi que les sciences.
Dans cet univers, les conditions d’études ne sont pas aisées. De l’avis des étudiants et des responsables, il n’y a ni connexion internet, ni centre informatique, ni bibliothèque digne de nom. Cette situation est vivement dénoncée par les étudiants qui accusent les initiateurs du système LMD (licence, master, doctorat) de n’avoir pas pensé à mettre à la disposition des étudiants, les moyens de recherche. La bibliothèque du centre ne dispose pas de documents qui cadrent avec les cours dispensés, regrette un étudiant.
Mais Alpha Oumar Barry de la L2 biologie, 1er du bac en 2011, reproche à ses amis de ne pas fournir d’efforts pour leur formation. ‘’ Presque chaque étudiant, a internet dans son téléphone, et à 9h, au moment des cours, ils sont sur Facebook. On dit aussi qu’il n’y a pas de livres, mais, le peu qui existe n’est pas consulté…’’
Dans ce lot de plaintes, les plus virulents sont les étudiants en anglais. Mademoiselle Bountouraby Camara, se demande à quel professeur d’anglais croire ‘’ils ont des problèmes de prononciation. Certains nous disent que V=the, d’autres V.’’ L’étudiante croit fermement qu’il s’agit d’un enseignement du créole et non l’anglais proprement dit. Le chef du département est accusé de recruter des enseignants qui sont loin d’être à la hauteur.
Toumany Diakité, directeur de programmes du département anglais, dément les informations faisant état de l’enseignement de créole. ‘’Nos enseignants ne connaissent même pas le créole, comment peuvent-ils l’enseigner ? S’interroge notre interlocuteur.
Autre difficulté et non des moindres, le retard pris dans le payement des bourses d’études appelées pécules. ‘’Nous sommes endettés, certains de nos camarades n’arrivent plus venir à l’école faute d’argent. Depuis décembre 2013, nous n’avons reçu aucun franc, déclare un étudiant qui invite les parents à ne pas oublier leurs enfants dans ces moments de galère’’. Gustave Kolié, qui fait L2 sociologie, déclare que les jeunes n’ayant pas de parents à Kindia et issus de familles pauvres sont obligés de se débrouiller pour survivre. Les étudiantes s’adonnent à la prostitution dans les bars et maquis de la ville des agrumes, poursuit Kolié. D’autres dit-on, louent leurs services aux paysans à l’occasion de travaux champêtres. À Kindia, on parle même de mois de 45 jours en raison du retard de la paye.
Comme un malheur ne vient jamais seul, les professeurs imposent l’achat de brochures même par endettement et les propriétaires de maisons profitent pour provoquer une hausse du prix du loyer étant donné qu’il n’existe pas de cité universitaire.
Pour fixer les prix, on tient compte de la distance entre la maison et l’université, selon des sources dignes de foi. Il y a en outre, la qualité de l’habitat, la présence ou non de toilettes…il y a des chambres de 35 à 100.000fg explique un habitué des lieux.
Pour survivre, il faut manger, mais comment le faire sans argent ? , dans certains foyers, il y a une véritable solidarité africaine commente un jeune, on fait de telle sorte qu’on ne sente pas que telle personne n’a pas de moyen, ajoute-t-il.
Toutes fois, à Kindia, existe un code significatif que tout étudiant connait. Il y a par exemple le 001 (pas de manger le matin et à midi, un seul repas le soir), autre système le 110 (manger matin, midi et dormi le ventre vide). Pauvreté quand tu nous tiens !
Le directeur général du centre s’est voulu rassurant sur plusieurs points. Dr Cé Gouanou dit ne pas être au courant du manque de niveau des professeurs d’anglais. Il explique qu’il passe souvent dans les différentes classes interroger les étudiants qui ne font aucune plainte. Il admet cependant, qu’il y a un déficit qui pousse la direction à recourir à des vacataires et missionnaires.
En ce qui concerne le manque de dortoirs, Dr Gouanou soutient que même à Toulouse où il était récemment, ce n’est pas tous les 60 mille étudiants qui sont logés. Pour les pécules, il est catégorique, ça ne dépend ni de l’université, ni du gouvernent, mais des institutions de Bretton woods (NDLR : système financier international) qui oblige le gouvernement à limiter les dépenses publiques. Il va d’ailleurs plus loin, admettant que la Guinée est le seul pays qui paie tous ses étudiants.
Parmi les priorités du directeur général du CUK, figure la construction d’infrastructures comme le rectorat, des amphithéâtres, laboratoires…la connexion internet et l’équipement de la bibliothèque.
En poste depuis septembre 2011, Dr Cé Gouanou, affirme avoir à ses actifs, la dotation du CUK en courant électrique d’EDG, électricité de Guinée avec une ligne qui fonctionne 24h/24. Il sollicite de l’État le financement des universités publiques pour les sortir des ténèbres.
Mamadou Samba Sow

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