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7 décembre 2006

le hip hop guineen vu de france

Le hip hop guinéen vu de France Extraits du mémoire de maîtrise de Christelle Le Chat( jeune française). « L’Afrique semble crouler sous les problèmes : guerres, massacres, coups d’état, crises politiques et sociales, dictatures, maladies, exodes… Et pourtant, là comme ailleurs, des hommes, des femmes luttent pour leur droit et leur dignité, des associations à caractère civique se multiplient, des expériences démocratiques se prolongent, les créateurs, les artistes et les artisans font preuve d’une formidable vitalité, les sociétés de plus en plus urbanisées bougent, se transforment et se projettent avec confiance vers l’avenir. » Ignacio Ramonet, Manière de voir No 79, Résistance africaine, « Difficile gestation de l’union africaine », Le Monde Diplomatique, mars 2005. Malgré le fait qu’en Guinée( comme en France), le hip hop ne soit pas né dans la rue, mais soit bien dû au transport du modèle US par l’industrie culturelle, les jeunes africains réussissent à s’approprier ce mouvement et à créer un hip hop typiquement africain. L’Afrique ne vivait pas trop cette réalité musicale mais avec les médiats, toute la jeune génération a été prise par le mouvement. Maintenant, il faut reconnaître que les contextes du développement ne sont pas les mêmes en Afrique. (Email envoyé par Fadji Missihoun, membre du groupe de rap béninois H2O Assouaka, en effet, le hip hop en Afrique comme d’ailleurs en France, retourne à la rue et ce devient important pour son évolution est « ce que je vis ici et maintenant avec d’autres ». En effet, pour les occidentaux, excepté dans les cités ( lieu d’ailleurs où s’est développé le mouvement hip hop), la rue n’est qu’en lieu de passage, un lieu de transition pour aller d’un endroit à l’autre, contrairement aux guinéens, pour qui, elle représente leur espace de vie, le lieu où ils passent le plus clair de leur temps. Le mot rue, vient de ruga, la ride ; elle « marque le visage du temps des villes, elle sillonne, mêle, défait, sépare et joint, met en lien, relie ». Les jeunes se l’approprient et en font leur espace, un espace d’échange et de communication où se développe justement le rap. Rap music today is what funk music was to us in the 70’s. Rap music keeps us able to identify the sreet vibe. (Le rap représente aujourd’hui ce que le funk représentait pour nous dans les années 70. Le rap nous offre la possibilité d’identifier la vibration de la rue). ( Bootsy Collins, What’s Bootsy doin’ ? , CBS Records, 1998, cité par Olivier Cathus, Id., p 197. ) De la même façon que la rue « marque le visage du temps des villes », ce qui s’y déroule « marque la vibration de la rue ». Ici, il faut comprendre le terme « vibration » comme l’élément qui rassemble. Cette rue en guinée, constitue, on peut le dire, un ghetto. Le mot « ghetto » est un emprunt à l’Italien du nom d’une petite île de Venise dénommée ghetto « fondrerie », mot dérivé de l’italien ghettare qui signifie « jeter », où les juifs furent assignés à résidence à partire de 1516. Ainsi, en 1536, le « ghetto »désignait en Italie, tout quartier où l’on obligeait les juifs à résider puis aussi par la suite, en 1690, dans certaines villes d’Europe. Aujourd’hui, le terme de « ghetto » s’applique de façon souvent péjorative, à des zones urbaines surpeuplées, où une minorité ethnique ou culturelle vit à l’écart du reste de la population. En guinée, le ghetto a une place importante puisque la capitale de ce pays, Conakry, est à elle seule, un énorme ghetto. Les rappeurs guinéens, dans leurs textes, s’adressent donc à cette population qui vit la même réalité qu’eux, au sein des ghettos de la ville et qui représente la majorité de la population. Le hip hop fait son entrée en guinée au début des années 80, ce pays sortant alors de 26 ans de faillite politique, économique et sociale. L’heure est donc à la recherche de moyens permettant de sortire ses habitants du ghetto. En effet, la vie à Conakry à cette époque se révèle particulièrement difficile. « La population de la ville a été multipliée par dix en 25 ans. La construction immobilière n’a pas suivi, au contraire. Le problème du logement est donc très aigu. Si vous trouvez un logis, il vous faut ensuite affronter le problème de l’eau et de l’électricité. Car 75% des habitations n’ont pas d’équipement sanitaire moderne : évier, douche, w-c avec chasse d’eau. Les canalisations d’adduction d’eau, les égouts sont détériorés à maints endroits. Les coupures de courant électrique très fréquentes, presque quotidiennes. Bien que le hip hop ait été importé des Amériques, il n’en est pas moins une réaction à une situation de souffrance, à une perte de repères de la jeunesse, à une volonté de s’en sortir et de trouver sa place dans la société. Cela revient à ce que proposait Bambaataa, et le rap avec lui, c’est à dire « de donner un sens à la vie du jeune noir, c’est lui faire comprendre qu’il a une histoire dans laquelle il a sa place, comme les autres. Tous les rappeurs attendent la reconnaissance officielle de leur histoire ». C’est dans ces conditions de vie que le hip hop se développe et connaît une très belle ascension ces dernières années, avec aujourd’hui, plus de 1500 groupes réunis à Conakry. En effet, le hip hop est une culture urbaine et sur les 8 millions d’habitants peuplant la guinée, 1,7 millions vit à la capitale ; Le hip hop s’est donc développé massivement à Conakry. « Si rapper signifie bien lutter, alors le rap en guinée est un combat continu. Un combat contre la corruption généralisée, contre le racket permanent, contre la démission des politiques en matière de jeunesse, contre l’analphabétisme, contre un système éducatif délabré et ses corollaires : Chômage, délinquance, drogue, prostitution… » Extraits du magazine Radical, Rap en guinée, Opération Révolution, septembre 2002. Par Christelle Le Chat, depuis la France
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